Edmond de Goncourt & la Révolution

RV2

HISTOIRE DE PARIS – RÉVOLUTION FRANÇAISE – ARCHITECTURE

UN MANUSCRIT DE JACQUES MOLINOS PROVENANT

DES COLLECTIONS D’EDMOND DE GONCOURT

UN COUVENT TRANSFORMÉ EN MAISON DE RETRAITE

& UN ABBÉ DÉFROQUÉ DEVENU BOUQUINISTE…

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[ Edmond de GONCOURT ]

MOLINOS, Jacques,

Observation sur l’ancienne maison claustrale des Minimes, près la Place Royale,

Paris, circa 1810,

Petit in-4, bradel percaline rouge, reliure signée Pierson. 3 p. autographes de Jacques Molinos & 1 p. de la main d’Edmond de Goncourt.

  

Précieux manuscrit de l'architecte Jacques Molinos provenant de la bibliothèque des Goncourt, et relié pour eux par Pierson. Le volume comprend en tête une notice autographe rédigée à l’encre rouge par Edmond (17 lignes) et paraphée par ce dernier.

Signature d’Edmond de Goncourt en garde - en guise d’ex-libris.

Le célèbre architecte Jacques Molinos (1743-1831) étudia sous la direction de Blondel à l’Académie royale d’architecture. Inséparable de Jacques-Guillaume Legrand, il fut très actif à Paris, où il édifia notamment le théâtre Feydeau pour la Comédie-Italienne, la fontaine du Marché-Saint-Honoré ou encore la Rotonde des éléphants du Muséum d’Histoire Naturelle.

Le présent manuscrit touche à la fois à l’histoire de l’architecture & à l’histoire de la Révolution Française. Il précise le devenir des bâtiments de l’ancien couvent des Minimes de la Place Royale (actuelle Place des Vosges) au lendemain de la Révolution.

Comme l’explique Edmond de Goncourt dans sa notice autographe : la maison claustrale des Minimes devint « pendant la Révolution une maison de retraite pour les rentiers et les pensionnaires de l’État réduits à un faible revenu ». Elle était alors habitée par « Mme de Montan-Delaux, femme de lettres, Mme de l’Hôpital, Mlle Delotte, fille d’un ambassadeur près de la Sublime Porte, M. de Roquemont, l’abbé Mauduit, le musicien d’Albanez, castra … ». Goncourt précise encore que ce manuscrit « nous apprend que le monument de l’ancienne église des Minimes qui était du célèbre Mansard fut acheté en l’an 6 par Dubois ex-moine, prêtre marié et par Defagot, cocher de fiacre, qui acquerront aussi l’église Saint-Nicolas du Chardonnet ».

Laissons la parole à Molinos, qui précise : « La maison claustrale des Minimes, non comprise l’église et l’infirmerie, fut acquise, comme domaine national, par M.M. Christophle frères les 6 Pluviose et 11 Thermidor an 6 et 25 Germinal an 8 ». La Révolution a abîmé les lieux et « de très grandes réparations furent faites à cet édifice par les acquéreurs sous la direction de M. Guillé entrepreneur expert de Bâtiment à Paris, d’après les plans de M. Goullet, ancien architecte, juré expert ». Les pensionnaires d’état de la « Maison de retraite des minimes », « appelée ainsi par le propriétaire », y logeaient « pour le prix d’un loyer très ordinaire » continue Molinos. La maison était un « gîte heureux et tranquille », « seul et unique en son genre ». L’architecte précise le nom de quelques pensionnaires (liste reprise par Goncourt) auxquels venaient s’ajouter « beaucoup d’autres victimes de la Révolution ».

Molinos, après un passage sur l'abbé Bossu & Saint-Eustache, ajoute encore : « Dubois et Défagot abattirent l’église des Minimes et tamisèrent le terrain. L’un deux, l’abbé Dubois fut puni de son sacrilège en démolissant lui-même le temple de Dieu, car il fut atteint par une pierre qui lui cassa la jambe, il est à présent bouquiniste, et Defagot, conduit, comme autrefois, son fiacre. »

Cette dernière anecdote du prêtre défroqué puni d’une jambe cassé et devenu bouquiniste après la Révolution sera reprise par Goncourt dans son Histoire de la société française pendant le directoire (Paris, Charpentier, 1864, p. 12). L’auteur s’y intéresse notamment au devenir des monuments parisiens au lendemain de la Révolution. Les 98-99 de l’ouvrage furent même composées par les Goncourt à partir d’extraits (cités ou réécrits) de notre manuscrit : « Les fortunes amoindries , les âmes blessées par la Révolution , trouvent , en ce Port-Royal garni, l'allégement et les consolations d'une vie doucement régulière, et d'une société qui s'entr'aide fraternellement à porter ses regrets, ses misères, ses années. Un parfum du vieux monde est dans ce cercle de locataires des Minimes, tous gens de bonne rencontre, amis par le hasard d'un même logis, mais vieux amis déjà par les sympathies partagées, les communs souvenirs, les plaisirs qu'on prend de compagnie, les chagrins qu'on essaie d'oublier ensemble ». Notre manuscrit est alors cité en note sous cette forme : « Observation sur l’ancienne maison claustrale des Minimes, par Molinos. Collect. d’aut. de Goncourt. »

Important manuscrit pour l’histoire de Paris durant la Révolution Française ; et pour l’étude des méthodes de travail des Goncourt sur des sources manuscrites « historiques », réécrites ou parfois reprises littéralement.